La communication non violente

La communication non violente, ou CNV, est une technique de communication élaborée par le psychologue américain Marshall Rosenberg, élève de Carl Rogers, tout comme Thomas Gordon qui s’est lui spécialisé dans la relation de parentalité.
Les fondements de la CNV ont été élaborés dans les 1970 et s’appuient sur une relation consciente à soi comme aux autres dont les valeurs essentielles sont la bienveillance active et l’empathie.
Partant du postulat que notre manière de communiquer a un impact massif sur nos relations avec
autrui, à la fois dans le contexte privé et professionnel, il est nécessaire d’apprendre à développer
une manière habile et authentique de communiquer qui favorisera des relations riches, positives et harmonieuses. Si les principes et les visées de la CNV peuvent inspirer la communication et les
relations en générale, il faut préciser que la technique elle-même s’applique plus particulièrement à la gestion des conflits.

Le GAP ESC propose une fiche Communication non violente, adaptée au contexte de l’enseignement agricole.

Sommaire de la fiche :

  • Un peu d’histoire …
  • Obstacles et alternatives – Violence & conflits – Jugement – Non expression de son ressenti et de son besion / interprétation des actes d’autrui.
  • 4 étapes incontournables.
  • Les écueils – Communication non violente… et articicielle – Violence de la CNV au quotidien – Ça ne marche… que si l’on s’en sert ! ON enseigne ce que l’on est.
  • Biblio et webographie

Mise en perspective de la Communication non violente en Education socio-culturelle  et dans une situation pédagogique en général

(en référence, une série de cours menés en Seconde et 1ère Bac Pro Sapat en 2019-2020)

La communication non violente crée par le psychologue Marshall B Rosenberg lui même très influencé par un autre psychologue fameux Carl Rogers sans oublier, Gandhi et Krishnamurti a été introduite en France par Thomas d’Asembourg. Il s’agit d’abord un outil de médiation dans le cas d’une communication conflictuelle et une technique de mieux être grâce à des échanges plus fluides et plus complets et des relations plus claires et plus équilibrées. La CNV implique d’être à l’écoute de l’autre pour comprendre sa vision de la situation, sans le juger,le critiquer ni le conseiller et sans tomber dans une acceptation sans condition.

L’utilisation de la communication non violente en Education socio- culturelle pourrait être mise en lien avec le « conatus »de Spinoza , « l’effort » que fait chaque être pour persévérer et grandir dans son être, d’augmenter « sa puissance vitale » (voir également la théorie des besoins d’Abraham Maslow ), de « devenir acteur de sa vie » et -dans le cadre de nos cours de communication- d’être plus efficace, davantage en accord avec soi-même et avec les autres lorsque l’on est en situation d’échange.

Cette technique semblerait nous permettre, d’ordonner, nos affects et nos émotions – donc notre discours et sa mise en œuvre – afin qu’ils soient davantage en lien avec notre nature profonde.

Grâce à son affirmation -constat , « Tout conflit est l’expression tragique d’un besoin non satisfait », M Rosenberg nous invite comme individu (immergé dans une société contradictoire et concurrentielle ) et bien sur comme pédagogue à envisager un changement profond du regard porté sur le monde donc sur notre façon d’agir et cela à travers le prisme de l’Empathie et la mise à distance de toute forme de jugement. M Rosenberg parle de changement social grâce à la Cnv. Dans le cadre du cours et du face à face enseignants – apprenants, l’enjeu est crucial puisque les relations au sein du groupe et celles entre le groupe classe et l’enseignant peuvent s’en trouver transformées, pacifiées et ainsi retrouver du sens dans un partage des émotions et des connaissances fondé sur la réciprocité et le contrôle de toute forme de violence.

En évitant les jugements sur les autres et en mettant à distance la dichotomie toxique érigée en dogme -dans l’enseignement et l’échange communicationnel – entre le « vrai » et le « faux », « le toujours » et « jamais », les apprenants et l’enseignant peuvent cultiver « une observation de l’Autre et des relations sans évaluation » ce qui évite presque toute tentative d’objectivation de son interlocuteur et une interprétation biaisée de son discours donc minimise le risque de conflit.

Néanmoins, il est capital de garder à l’esprit et signifier aux apprenants que tout conflit n’est pas forcément basé sur un malentendu mais parfois sur une volonté de pouvoir et de vaincre. (ainsi, s’ils disent ce qu’ils ressentent à un manipulateur, il risque de vous manipuler). Il convient aussi de leur préciser que toute relation interpersonnelle porte en elle des accès de violence et d’agressivité.

Les fondements de la communication non violente :

« Communiquer en Conscience » selon Diane Baran, formatrice en communication non-violente, « Eloge de la lenteur », la communication non violente repose sur une attention redoublée au moment présent, sur quelques principes clefs et des outils précis qui peuvent nous permettre de mieux gérer notre vie et notre communication et nos relations professionnelles.

Les principes : (on peut songer ici aussi aux « 4 accords Toltèques » ( règles de base de la communication )

Le processus avant le contenu : je cherche à établir une relation avec l’interlocuteur

Permettre le dialogue : je cherche à établir un dialogue vrai et équilibré , le plus honnête possible avec l’autre.

Respecter l’autre dans son entièreté et sa cohérence: je respecte l’autre quoiqu’il dise , quelle que soit l’émotion qu’il vive.

S’affirmer pour être entendu : je parle sans faire de détour.

Ecouter l’autre pour qu’il soit entendu : je pratique l’écoute active pour répondre efficacement à l’interlocuteur , et pour qu’il se rende compte que je l’écoute.

Parler vrai : je dis réellement ce que je souhaite dire.

Etre à l’écoute de ses émotions et les verbaliser posément et sans tomber dans la confidence.

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Clarifier la communication Mieux se connaître

Transformer nos jugements Savoir dire non

Devenir acteur de sa vie S’affirmer dans le respect

Assainir des relations CNV

Ecoute empathique

S’exprimer avec

authenticité

Gérer les conflits

Transformer nos émotions

( Il s’agit ici d’éviter de tomber dans le mythe du gagnant-gagnant beaucoup trop mièvre et pourtant porter aux nues par les gourous du développement personnel)

Les 3 manières d’utiliser la CNV  en général:

  • se questionner pour clarifier ce qui se passe en soi (auto – empathie)
  • Communiquer vers l’Autre, en tenant compte de la multi -dimensionnalité de sa personnalité et de sa communication pour être compris
  • Savoir écouter l’Autre pour mieux dialoguer (notion d’Ecoute active)

Le point d’ancrage de cette démarche globale est d’avoir la claire intention (le désir) de favoriser le dialogue et la compréhension pour éviter, prévenir, ou résoudre toute forme de conflit. Ici encore, cette forme de lucidité et de connaissance de soi mènent à l’Autre au sens ou l’entendait Spinoza (agir au mieux, pour mieux se comprendre soi-même et mieux comprendre l’Autre donc désamorcer les conflits). La CNV nous permettrait d ‘entamer une sorte d’apprentissage d’une « sagesse communicationnelle » grâce à un s’aimer soi même (qui passe par l’expression de ses besoins) et une observation -écoute scrupuleuse , des situations et de l’Autre dans leur complexité (au sens que lui donne le sociologue Edgar Morin c’est à dire que les systèmes sont eux-mêmes complexes, parce que leur organisation suppose ou produit de la complexité. )

La métaphore du chacal et de la girafe :

Marshall Rosenberg utilise des marionnettes (le chacal et la girafe) comme métaphores de nos attitudes en situation de communication avec comme prérequis le fait que toute critique, toute agression, tout jugement exprime un besoin non satisfait.

  • le langage chacal est fait de jugements , critiques et reproches. – le chacal pose des étiquettes sur les gens , les dévalorise – il émet des avis définitifs et accuse, juge. – il décrète, donne des ordres. – culpabilise l’autre pour mieux le manipuler – il se sent peu responsable de ses actes.
  • Le langage girafe est le « langage du coeur », le contraire d’une parole figée et alourdie par trop de certitudes et de prénotions. – la girafe possède une écoute empathique. – la girafe sait prendre de la distance. – la girafe exprime ses demandes avec fermeté mais bienveillance et questionne l’autre sur le même mode pour tenter de décrypter ses souhaits parfois dissimuler sous un voile d’agressivité.

Communiquer chacal ou girafe ?

ChacalDialogue intérieur « C’est vrai, il a raison, je suis nul »Réponse à l’interlocuteur « Hé ! toi tu t’es vu toi ? Tu ne vaux pas mieux que moi »
GirafeDialogue intérieur « Il me critique. Mais que se passe t’il chez lui ? Qu’est ce qu’il vit ? »Réponse à l’interlocuteur «Apparemment, tu n’es pas content. Qu’est ce qui ne va pas ? Et qu’est ce qui te fait dire que je suis nulle? »

Les 4 étapes de la CNV :

  • Observation de la situation : décrivez objectivement la situation , sans juger, ni interpréter.
  • Exprimez clairement et avec mesure mes sentiments et mon attitude par rapport à la situation qui me , ou pose problème. Il ne faut pas glisser dans l’émotionnel qui pourrait être perçu comme manipulateur et braquer mon interlocuteur
  • Clarifier mes besoins (attention, “j’ai besoin que tu” et “j’ai besoin de” sont de nature différente et ont un impact différent sur notre interlocuteur).
  • Exprimer une demande : réalisable dans le présent , concrète, précise et formulée positivement

(ces étapes peuvent être réalisées dans l’ordre ou dans le désordre )

Suivre ces 4 étapes peuvent permettre d’éviter ou d’atténuer des conflits lors d’un travail collectif. En éducation socio -culturelle, cela peut s’avérer fécond et efficace pendant la conception et durant la réalisation d’un projet collectif.

Les 9 catégories de besoins :

– physiologiques

– De sécurité

– De compréhension

– De créativité

– D’Amour

-I D’intimité

– De jeu et distraction

– De repos, détente et distraction

– D’autonomie

– De sens et spiritualité

Enseignement, vertus et limites de la Communication non violente dans un cadre pédagogique :

Il est nécessaire d’exprimer ses besoins avec des arguments profonds sans agressivité , ni rapports de force mais sans confondre sympathie et empathie. Ces demandes doivent être conscientes et explicites mais n’ont rien à voir avec des souhaits ou des exigences.

Cette méthodologie permet d’aborder la CNV mais il est naturel de l’adapter à sa situation. Vous pouvez par exemple exprimez vos sentiments (S) suite à une situation (O), puis parlez de vos besoins (B) et formulez votre demande (D) pour que ceux-ci soient respectés. Réciproquement, elle implique d’écouter l’autre (sans nécessairement approuver ni accéder à sa demande) sans le juger, le critiquer ou essayer de le conseiller.

Dans le cadre d’une relation bienveillante avec les élèves,utiliser la cnv peut s’avérer pertinent pour installer serein et constructif. Nous exprimons ainsi nos besoins, nous communiquons sans les blesser et évitons des jugements trop rapides et dépréciatifs qui nuisent, voire stérilisent l’échange. Ainsi en cas de bruit, nous pouvons avancer les arguments suivants :

– « j’entends de nombreuses discussions dans cette classe? » O

– « Quand j’entends tout cela, je suis dérangée » S

– « J’ai besoin de calme et d’écouter, car nous abordons aujourd’hui un chapitre difficile » B

– Seriez vous en mesure d’installer ce calme, pour vous, les autres et pour que je puisse travailler dans l’efficacité ? »

Conclusion :

Dans le cadre pédagogique comme dans la vie courante, la Cnv peut donc nous permettre de nous exprimer clairement, dans le respect de l’autre, en respectant nos valeurs et celles de notre interlocuteur.

Ainsi, je crée des liens avec autrui plus respectueux puisque je suis davantage en accord avec moi- même. Mais attention toutefois à ne pas tomber dans la caricature. « Je suis tellement gentil , vous aussi mes enfants, le scours vont être de grands moments de bonheur au cours des quels chacun sera dans une absolue écoute de l’autre …. nous ne sommes pas dans un groupe new age ou une cérémonie oecuménique »

Nous devrons plutôt créer -grâce aux techniques et grilles de lecture de la Cnv – de nouvelles structures, axes de communication qui permettront un échange équilibré « gagnant -gagnant » entre nous et les apprenants et bien sûr nos collègues.

Pascale Beaux Dupéchaud

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