Le paysage

L’invention du paysage

Le paysage désigne l’aspect d’un espace que l’on embrasse du regard, d’une contrée que l’on traverse, parcourt ou survole.

Historiquement, le paysage est une invention de la bourgeoisie. Ce sont les riches marchands des Provinces-Unies puis ceux de l’Italie et de France qui, en investissant dans la création de grandes exploitations, ont développé une sensibilité à la beauté et à l’harmonie du paysage. Ce n’était pas le souci des véritables paysans qui, sarclant, taillant, plantant, moissonnant, cherchaient surtout à vivre (parfois à survivre). Le paysage construit résultait surtout de leur conquête opiniâtre du milieu naturel.

Ce sont les peintres flamands qui, les premiers ont traduit cette sensibilité dans leurs oeuvres. Ils créent le terme de landskap qui désigne l’instauration du pays (land) en objet de contemplation et de jouissance.

On retrouve la même racine avec le mot anglais landscape, le mot allemand landschaft et le mot russe landsaft.

En France, le mot paysage apparaît, d’après de nombreux auteurs, en 1549. Il concerne une scène observée et sa représentation par la peinture. En effet, jusque-là, les tableaux ne représentaient que des portraits ou des compositions inspirés de thèmes religieux ou historiques. Il dériverait, comme ses équivalents italien paesaggio et espagnol paisaje, des mots pais (du latin pagus qui signifie campagne) et de age (du collectif, latin ictacum).

Parallèlement à ce mouvement, l’art des jardins se développe, et c’est au XVIIIème siècle que des créateurs tels J.M. MOREL ou R.L. de GIRARDIN eurent l’idée généreuse d’appliquer leur science paysagiste au territoire tout entier.

Le mouvement d’intérêt va encore s’accélérer avec la contemplation des grands sites naturels organisés par les premières sociétés touristiques.

Les impressionnistes vont encore amplifier le phénomène. Le charme de la campagne va gagner toutes les couches sociales.

Les premiers congés payés vont offrir alors à des milliers de touristes ce qui n’était au départ qu’une invention de pur esthète. Inventé, découvert, redécouvert, le paysage devra alors être protégé, entretenu, étudié, restauré.

Le paysage est donc une notion complexe qui recouvre une « réalité » multiple ; il intéresse aussi bien le peintre que l’historien, l’archéologue, le géographe, le sociologue, l’agronome, le plasticien, l’écologue, l’artiste…
Chacun y voit son paysage avec sa sensibilité, sa formation, sa culture, cherche à y découvrir composantes et lignes de force ; d’où l’obligation d’additionner plusieurs types d’approches pour mieux appréhender dans sa totalité le paysage.
Le paysage désigne à la fois les choses de l’environnement et la représentation de ces choses. Ainsi les sociétés aménagent leur environnement en fonction de la représentation qu’elles en font, et elles l’interprètent en fonction de l’aménagement qu’elles en font. Le paysage est donc réalité et apparence de réalité.
Le paysage n’est pas un objet. C’est une médiation entre le mode des choses et celui de la subjectivité humaine, c’est-à-dire des déterminations culturelles, sociales et historiques de la perception humaine (…)
L’environnement, matière à science positive, s’analyse en terme de relations entre des objets. Le paysage, c’est le mode sensible de notre rapport à l’environnement, donc au monde.
Le paysage est une médiation génératrice de lien social, parce qu’elle donne à percevoir le sens du monde où nous vivons (…) et que la société ne saurait se maintenir dans un monde privé de sens.

Augustin Berque.


 

Approche socioculturelle du paysage

La question de la relation de l’homme aux paysages, à la nature et à l’environnement est très présente dans la société, elle fait débat parfois de manière conflictuelle. Elle nécessite une approche pluridisciplinaire à laquelle contribue l’ESC, notamment pour interroger la place de l’Homme dans son environnement au regard des choix techniques et scientifiques mobilisés pour l’aménagement et la gestion des espaces.

On distingue quatre axes que l’ESC permet de développer :

1/ l’approche artistique. Apports de l’esthétique, de l’histoire de l’art et l’histoire et art des jardins, dimension patrimoniale, interventions et gestes artistiques dans le paysage et la nature ;

2/ l’approche sensible des espaces et paysages : perception sensorielle, émotionnelle, subjective ainsi que l’approche par l’imaginaire ; démarches associées à l’expression de ces perceptions (leur donner forme) ;

3/ L’approche ethno-sociologique : relation de l’homme à la nature et à l’environnement selon les cultures (naturalisme, animisme, totémisme…) l’anthropologie de la nature, les représentations, usages, croyances, symbolique,, écologie politique ;

4/ La formation aux techniques d’éducation à l’environnement qui croisent les approches scientifiques, sensibles, par l’imaginaire…la formation à l’interprétation des sites et à la question de la maîtrise de la communication dans le cadre du M22 et MG1.

Ressources

Au sein du GAP ESC, Martine Allibert a mené un travail fructueux sur la filière aménagement paysager, dont les principaux apports sont disponibles ici :

Place de l’ESC dans le Bac Pro AP.

Place de l’ESC dans le BTSA AP.

« La dynamique du concept de paysage« , article de Christine Partoune (Université de Liège) in Revue Éducation Formation – n° 275, septembre 2004.

Méthode d’étude du paysage, empruntée au CRDP d’Amiens.

L’essor du paysage au XIXe siècle, vu par le Musée d’Orsay.

« L’horizon fabuleux » : article de Michel Collot.

Histoire du paysage dans l’art occidental, diaporama mis à disposition du GAP ESC par Martine Allibert.

Proposition pédagogique : un chantier paysage réunissant les BTSA GPN (gestion et protection de la nature) et AP (Aménagement paysager)

 

La relecture proposée ci-après des différents modules concernés par cette thématique présente des pistes considérées comme des ouvertures à l’étude du paysage, il s’agit des modules : M51 en BTSA DATR, MP2 en Bac pro Aménagement paysager, M52 et M54 en BTS GPN et MP6 en Bac pro GMNF.

 

→ Fiche : Approche sensible du paysage

→ Fiche : Du regard au croquis

 

 

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