Fiche Land Art et Art environnemental : « l’art dans la nature et la nature au musée » On tend à regrouper sous le nom de Land Art des œuvres qui utilisent des matériaux naturels et/ou sont installées dans des sites de plein air. Cela recouvre au moins deux tendances artistiques assez différentes, bien que non dépourvues de liens : le Land Art et l’Art Environnemental ou Écologique. Le Landart naît dans l’Amérique des années 1960 dans un contexte de questionnement radical du statut de l’art et des artistes. Dépassant le cadre de l’installation artistique et les limites des galeries d’art et des musées, les artistes veulent sortir du musée, et investissent les grands espaces déserts du sud-ouest américain avec des projets souvent gigantesques. Il ne s’agit plus de figurer le paysage « de visu » mais de le transformer et/ou d’en modifier la vision « in situ ». L’art environnemental, ou écologique, a quelque scrupule à utiliser les matériaux artificiels et les interventions in situ parfois violentes du landart. Il utilise pratiquement toujours des matériaux naturels, la plupart du temps issus du site. Plus intimiste et modeste, il réinvestit la dimension de l’objet, dans des approches proches de l’arte povera ; le dialogue avec la nature se fait essentiellement à travers le matériau naturel et les formes. Occupant une position mouvante entre l’art, le paysage, et l’aménagement, le landart et l’art environnemental ont transformé nos manières de voir notre environnement ; leur influence a été considérable, non seulement sur les pratiques artistiques, mais aussi sur la forme des jardins (Festival de Chaumont et autres festivals de création paysagère) de l’aménagement du paysage (ainsi l’aménagement de l’aire d’autoroute de Nîmes-Caissargues, laisse deviner un lien avec le double negative de Heizer), la communication événementielle (la moisson aux Champs-Elysées), etc. Bibliographie Liens A télécharger : le texte de cet article augmenté et illustré.
(Michèle Constans, ENFA, 2009)
Les deux ont en commun la prédominance de l’usage de matériaux naturels bruts, le questionnement des relations humain/environnement, ancré dans une contestation de la société post-industrielle, et ce sont des œuvres souvent éphémères. En tel cas, seule en reste la trace filmique ou photographique : Richard Long marche, laissant sa trace dans l’herbe, pendant plusieurs heures ; après 5 ans de préparation, la « Running Fence » de Christo ne reste en place que 14 jours ; les sculptures de glace de Goldworthy fondent, etc.
La monumentalité (De Maria, Smithson) est l’une des caractéristiques des « earthworks », qui détournent au profit de l’art les machines et techniques, l’échelle, et l’impact paysager des grands ouvrages de l’ère industrielle.
La relation entre l’œuvre et le paysage à grande échelle, voire le cosmos (Sun Tunnels de Nancy Holt) est essentielle, qu’elle soit en terme d’interprétation, ou de transformation. Le Landart est un dialogue de l’artiste avec le paysage in situ.
La prise en compte des dimensions non-visuelles du paysage est fondamentale, que l’on sollicite l’imagination de l’observateur (De Maria), ou bien d’autres sens.
Il crée des objets naturels, exposés en plein air la plupart du temps. Mais la dimension spécifiquement paysagère (= le dialogue de l’œuvre avec l’espace alentour) est souvent absente ; bien qu’il utilise souvent un cadre naturel, l’art environnemental travaille sur la nature et non sur le paysage.
Souvent les artistes écologiques réintègrent soit le musée, qu’ils investissent avec des matériaux naturels, soit le jardin ou l’espace public urbain, qui sont les places traditionnelles de la sculpture.
Usant de techniques à la portée de tous, l’art environnemental est devenu un outil pédagogique et de communication qui n’échappe pas toujours à la facilité voire à l’académisme.
Domino Christophe, A ciel ouvert ; l’art contemporain à l’échelle du paysage, Scala, 2005
Garraud Colette, L’Idée de nature dans l’art contemporain, Flammarion, 1994
Tiberghien Gilles, Land Art, éditions Carré, 1993