L’animation est le lieu par excellence pour que les jeunes les plus avancés dans une pratique au sein d’un atelier prennent assurance et responsabilité.
On objectera que les temps sont plutôt au renouvellement de l’offre d’animation en cours d’année qu’au maintien d’une même activité d’année en année ; qu’à cela ne tienne : il n’est pas nécessaire que l’activité soit ainsi pérennisée pour que les possibilité d’investissement (et de « promotion personnelle ») soient pleinement ouvertes.
Car l’animation est peut-être avant tout un espace de construction personnelle, en termes d’engagement et d’image de soi – ou encore de confiance en soi.
Dans nos EPL, ici telle étudiante de BTS a pu devenir leader d’un atelier manga et initier un club jeu vidéo, et là telle étudiant un atelier jeux de plateau. Des élèves de 3ème, 2nde, Bac pro, ont accueilli les propositions venant de ces « pairs reconnus comme plus avancés » avec peut-être plus d’enthousiasme que si l’encadrement avait été dévolu au seul enseignant d’ESC. Nos apprenants sont, de fait, porteurs de savoirs et savoir-faire utiles en animation et ils peuvent jouer un rôle décisif quant à coacher et motiver le plus jeunes. Ces « grandes sœurs » et « grands frères » sont en capacité d’apporter aux équipes d’ESC des atouts bien utiles : Pour les jeunes, qu’ils soient ces accompagnants ou les accompagnés dans des animations, des ateliers, des clubs, etc., les enjeux sont multiples : On est alors au cœur de la pédagogie de projet et de l’éducation populaire : pour les enseignants-éducateurs d’ESC, c’est clairement faire la proposition d’un temps de formation individuelle et collective et non pas d’un « atelier occupationnel ». Lors d’une session du GAP ESC en Belgique, cette problématique des rapports entre l’engagement et l’image de soi (ou comme vecteur de confiance en soi) a été au cœur de la rencontre avec Sushi, animateur Breakdance à la Maison des jeunes de Cuesmes, près de Mons (auprès d’Henriette Junsgt, coordinatrice) [1]. Sushi calque son animation sur les processus d’action et de réflexion qui lui ont permis de dépasser des aléas de sa propre vie. Il résume sa proposition pédagogique dans une formule simple : être « Free style » dans son animation, c’est ouvrir la possibilité de partager avec les autres « la vie funky ». Voici en quelques lignes le résumé de la manière dont Sushi schématise la vie et dont il conçoit son activité d’animateur : Que l’on ait ou pas des outils, tout démarre en fait d’une page blanche, dans l’animation comme dans la vie. Ce qui compte, c’est de vivre différents cycles, accompagnés à chaque fois de chocs émotionnels… et il faut bien faire la part des choses dans les situations éducatives entre peur, dégoût, trauma, mauvaises surprises d’une part, et joie, contentement, heureuses surprises d’autre part… d’où la nécessité de rééquilibrer les ressentis, les affects : là j’ai un peu peur mais je sais pourquoi je le fais et j’accepte pour telle raison. Or, quelque soit leur âge, tous les humains ont en eux la volonté d’être heureux (même à l’école), et aussi des expériences diverses, des passés et des choix différents. Et il y a moyen de valoriser cela. Il faut donc développer une capacité d’auto-observation, de relecture et d’analyse, pour faciliter le dépassement des écueils psycho-affectifs puis la projection. Selon Sushi, cela se joue entre deux pôles, RATIONNEL et ÉMOTIONNEL, tout en impliquant pour les jeunes plusieurs niveaux de vigilance : Et tout ça, dans la vie comme dans l’animation, passe par différents canaux : l’émotion, le partage, le silence, le non-verbal, l’expression artistique… L’ANIMATION FREE-STYLE Cela passe nécessairement par le fait de vivre des expériences dans l’intensité, et en ce sens, comme animateur (que l’on soit apprenant ou enseignant d’ESC) l’on gagne à surjouer l’attitude et l’expression, afin d’apprendre à utiliser l’offre et l’égo, le potentiel et l’excès, sans rancune. C’est un lieu idéal pour exprimer que « mon.ma prof / mon.ma patron.ne est fort terre-à-terre, et moi je suis céleste », comme le dit Sushi. Pour l’élève comme pour l’enseignant-animateur, là se joue une ouverture vers l’autre plus aisée à saisir et à s’approprier que dans le cadre des enseignements traditionnels (cours, TD…). Qu’y gagne-t-on ? LA VIE FUNKY Sushi fait l’équation de « la vie funky » : BONHEUR = ( ( EXPÉRIENCES +INFOS +ÉMOTIONS ) x CONTRÔLE ) / TEMPS. Il voit dans l’animation et l’expérience artistique des voies propices à la mise en œuvre d’une vie funky, source de bonheur. Quelques unes de ses phrases clés : Et tout ça, dit-il, parce qu’il a de l’amour à donner en vivant sa vie de façon funky. ASSEZ DE BLA-BLA ! Sushi est un visuel, un sensible. Il s’explique crayon à la main : voici donc des schémas et un profil de Sushi, restitués par le GAP ESC (merci Nadia) : Outil pour amener les jeunes à être confiant et vers le « Bonheur » – Schéma de Sushi En voici un aperçu : Vous voulez aussi voir Sushi dans des battles de breakdance, à ses débuts en 2009, et dans ses exploits d’urban crew en 2008 ? Voila de quoi motiver des élèves : Sushi (torse nu) en demi-finale par équipe Sushi (torse nu) en finale par équipe Sushi (en jaune, à gauche) en finale individuelle