Le projet pour l’animation et la pédagogie

Pour aborder les enseignements/ apprentissage sur le mode projet, et par une pédagogie coopérative (type Freinet).

Les mots et les pratiques

Les mots de la tribu pédagogique

Un projet pédagogique est un dispositif pour faire apprendre : ce peut être une progression, un stage territoire, l’organisation d’un atelier, la mise en place des PIC… La pédagogie par projet est une modalité particulière d’apprentissage, et suppose la mise en œuvre d’un projet pédagogique spécifique.

1. La pédagogie PAR le projet

« La notion de projet est centrale dans le socio-constructivisme et autres approches basées sur l’activité. Un projet permet aux apprenants d’identifier et de formuler leurs propres problèmes. Les buts qu’ils se donnent ainsi que les découvertes qu’ils font durant leurs interactions avec l’environnement servent de guides (Collins et al, 1989). Il est donc important de diviser les scénarios en séquences et de diviser les problèmes en sous-problèmes de sorte que les apprenant puissent travailler sur une tâche à la fois et que ces tâches soient suffisamment flexibles pour qu’ils puissent les terminer, peu importe leurs compétences de bases. L’apprentissage par projets est un modèle qui se distingue de l’enseignement traditionnel par le focus qui est centré sur l’apprenant et son projet. Les apprenants ont l’opportunité de travailler de manière plus autonome et de construire leurs connaissances.

La pédagogie par le projet est un modalité de la pédagogie par les situations-problèmes (comme l’étude de cas ou le jeu de rôles).

Synteta (2001) définit l’apprentissage par projet comme suit:

  • Des expériences d’apprentissage engageantes mobilisent les apprenants dans des projets complexes et concrets à travers lesquels ils développent et appliquent des compétences et des connaissances.
  • Les apprenants sont amenés à se tourner vers des sources d’informations et des disciplines variées pour résoudre leurs problèmes.
  • L’apprentissage vise des buts identifiés et formulés mais les résultats de l’acquisition de la connaissance ne sont ni prédéfinis, ni totalement attendus.
  • Les apprenants apprennent à manager des ressources comme le temps, des matériaux variés, des situations interpersonnelles… » (edutechwiki)

Qu’est-ce qu’un PROJET ?

  • une tâche,
  • définie et réalisée en groupe(s),
  • impliquant une mobilisation de celui-ci,
  • débouchant sur une réalisation concrète,
  • communicable,
  • et ayant une utilité sociale.
(définition de J.-M. DE KETELE)

Un projet est une réponse apportée à

  • une situation qui pose problème : le projet cherche à apporter une solution adaptée au contexte.
  • une situation qui mérite qu’on y apporte un « plus » : quel est le plus à apporter et pourquoi ?

La situation de projet est donc caractérisée d’abord par l’identification d’une situation-problème.

En résumé, la pédagogie PAR projet crée des situations d’apprentissage spécifiques, orientées vers la réalisation, par les élèves, de projets. Elle relève ainsi d’une pédagogie appuyée sur des situations-problèmes, au même titre que l’étude de cas ou le jeu de rôles : en effet,

  • elle définit une activité qui contient des données initiales, un but final ainsi que des contraintes, et pour laquelle un individu (ou le groupe) ne dispose pas d’une réponse connue à l’avance : elle constitue un problème à résoudre.
  • la situation-problème est le moyen et non le résultat de l’apprentissage.
  • on distinguera donc les objectifs du projet (par exemple : réaliser une plaquette d’information) et les objectifs d’apprentissage (par exemple : maîtriser les règles de la composition).

2. Le projet pédagogique

La situation pédagogique vise l’apprentissage, par une démarche de projet, de contenus disciplinaires. Le dispositif pédagogique permet des apprentissages fondamentaux ou spécifiques relevant d’une ou de plusieurs disciplines.
Le projet est tourné vers la réalisation d’un événement public à échelle variable : la classe, l’établissement, le quartier, la commune, le territoire, …
Le projet est un MOYEN pour apprendre autre chose : la pédagogie de projet relève d’une pédagogie du DÉTOUR.
Dans la pédagogie de projet, l’enseignant reste maître de la proposition qu’il pilote, et dont il a anticipé les principales étapes afin d’y arrimer les apports et/ou apprentissages nécessaires.

3.  La pédagogie DE projet

Dans la pédagogie de projet, ce sont les apprenants qui choisissent le projet qu’ils vont mener, et découvrent les situations problèmes à leur rythme. L’enseignant adapte ses interactions et les apports en fonction de phases d’apprentissage induites par l’avancement de l’action des apprenants.
Cependant, les visées éducatives sont proches de ce qui se vit dans un projet pédagogique (voir ci-dessus).

4. La pédagogie DU projet

La situation pédagogique vise l’apprentissage de la conduite de projet (ce qui est notamment le cas des visées des projets prescrits en BTS).

La mise en œuvre

Mettre en œuvre des pédagogies basées sur le projet : oui, mais comment ?

1. Sens, mobilisation, valorisation

Dans le projet-élèves

  • L’élève se mobilise et trouve du sens à ses apprentissages dans une production à portée sociale qui le valorise.
  • Les problèmes rencontrés au cours de cette réalisation vont favoriser la production et la mobilisation de capacités nouvelles, particulièrement de savoirs d’action.
  • Ces problèmes abordés collectivement vont activer des conflits sociocognitifs dont le dépassement complexifiera les acquisitions en cours.

Michel Huber, Apprendre en projet

La théorie de l’apprentissage sous-jacente : le socioconstructivisme. L’individu accède à la connaissance par une démarche active d’appropriation du savoir. Il construit ses propres structures de connaissance en puisant dans l’environnement extérieur des données qu’il interprète, qu’il transforme, qu’il réorganise.

2. Questions à se poser pour construire une situation-problème

  • Quel est mon objectif ? Qu’est-ce que je veux faire acquérir à l’apprenant qui représente pour lui un palier de progression important ?
  • Quelle tâche puis-je proposer qui requière, pour être menée à bien, l’accès à cet objectif (communication, reconstitution, énigme, réparation, résolution, etc.) ?
  • Quel dispositif dois-je mettre en place pour que l’activité mentale permette, en réalisant la tâche, l’accès à l’objectif ?
  • Quelles ressources (matériau, documents, outils) dois-je réunir ?
  • Quelle consigne-but dois-je donner pour que les apprenants traitent les matériaux pour accomplir la tâche ?
  • Quelles contraintes faut-il introduire pour empêcher les sujets de contourner l’apprentissage ?
  • Quelles activités puis-je proposer qui permettent de négocier le dispositif selon diverses stratégies ? Comment varier les outils, démarches, degrés de guidage, modalités de regroupement… ?

Philippe Meirieu Guide méthodologique pour l’élaboration d’une situation-problème

3. Dérives

La pédagogie de projet a pour ambition d’intégrer dans une dynamique sociale des apprentissages individuels et collectifs dans une perspective constructiviste (l’individu se construit dans l’action). Cette ambition requiert une vigilance méthodologique sans laquelle des dérives sont inévitables. En effet le projet prend en compte trois pôles interdépendants qui sont, chacun en puissance, porteurs d’une dérive.
  • le pôle social : le projet a une utilité sociale, prend en compte la réalité d’une situation analysée, aboutit à une production. Il y a risque de dérive productiviste quand les impératifs de production l’emportent sur les considérations éducatives. Attention aux projets sur commande, et à la médiatisation excessive (impératifs de communication externe de l’établissement) !
  • le pôle affectif : le projet naît du désir et se construit dans la motivation. Il y a risque de dérive spontanéiste quand, au nom de la nécessaire autonomie du groupe, le projet, sans contraintes, s’invente au fur et à mesure. Il y a risque de dérive fusionnelle quand les aspects socio-affectifs évitent la négociation et évacuent les apprentissages. Le projet risque de ne pas aboutir, et de ne pas aboutir aux objectifs de formation.
  • le pôle rationnel : le projet s’inscrit dans une démarche rigoureuse intégrant les apprentissages. Il y a risque de dérive organisationnelle et techniciste quand la planification directrice de l’enseignant empêche les recherches et les tâtonnements nécessaires. Attention à l’implication excessive de l’enseignant et aux cadrages abusifs sous prétexte d’efficacité pédagogique !
Ces trois dérives accentuent des conduites de groupe négatives parce qu’éloignées des préoccupations éducatives : division excessive du travail, leadership abusif, rejet ou dépendance, attitudes « potaches », moral bas… Ces conduites défavorisent l’émergence de l’individu autonome.
4. La différentiation des objectifs

La nature même d’un projet suppose la différentiation des objectifs :

  • les objectifs d’apprentissage (définis par les référentiels, et déclinés par l’équipe pédagogique,
  • les objectifs de réalisation (ce que réaliseront les apprenants comme solution de la situation-problème : un film, une expo),
  • les objectifs de l’action en direction d’un public (ex : sensibiliser).
  • les objectifs stratégiques liés à l’ingénierie du dispositif ESC dans l’établissement (ex : choix d’un partenariat, d’un territoire,… pour enclencher une dynamique).

Ces objectifs sont à évaluer selon des modalités spécifiques.

5. Les jeux d’acteurs

La mise en œuvre d’une pédagogie de/du projet  suppose d’entrer en relation avec une série d’acteurs qui peuvent, parfois, devenir des opposants au projet. C’est un des enjeux de l’action que d’associer, anticiper, mettre en lien : bref, de donner du sens au projet.

6. L’évaluation

Qu’est-ce qu’un bon projet ?

La question est à mettre en lien avec la pluralité des acteurs sociaux impliqués, et devrait se décliner :

  • qu’est-ce qu’un bon projet pour l’équipe enseignante ?
  • qu’est-ce qu’un bon projet pour l’équipe de direction ?
  • qu’est-ce qu’un bon projet pour les élèves ?
  • qu’est-ce qu’un bon projet pour les partenaires financiers ?
  • qu’est-ce qu’un bon projet pour les bénéficiaires ?

On constatera vite que l’évaluation, c’est la guerre des critères… autrement dit les acteurs sont tous légitimement en situation de faire valoir des critères différents, voire antagonistes.

Tout projet devrait donc être le lieu d’une co-évaluation.

Celle-ci, classiquement, devra décliner quelques grands critères de base :

Classiquement, le projet peut être évalué par les relations qu’on peut décrire

  • entre le diagnostic (le contexte d’émergence ou d’insertion du projet, l’énoncé de la situation-problème) et les objectifs d’action et de réalisation : critère de PERTINENCE.
  • entre les objectifs et les ressources mobilisées : critère de FAISABILITÉ
  • entre les objectifs et les résultats obtenus : critère d’ EFFICACITÉ
  • entre les ressources mobilisées et les résultats : critère d’ EFFICIENCE


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