Réception

[Communication médiatisée]
abc-light

A partir de la fin des années 70, les critiques adressées à la sémiologie, et en particulier à l’étude de la production du sens centrée sur le seul texte, c’est-à-dire coupée de son contexte de production et de réception, ont débouché sur une prise en compte de plus en plus grande du récepteur dans l’interprétation des messages et la construction du sens qui n’est plus considérée comme immanente au texte mais construction mentale propre à chaque individu spectateur.
La réhabilitation du sujet récepteur constitue un bouleversement théorique important qui n’est sans doute pas étranger au développement général du « sujet consommateur ». « La consommation a ses producteurs méconnus, ses inventeurs silencieux », dit Michel de Certeau (L’invention du quotidien,1980, ouvrage significatif de ce retournement conceptuel).Depuis, beaucoup d’approches sociologiques et micro-sociologiques ont placé le récepteur au centre de leurs travaux. Ce qui importe désormais ce n’est pas tant le message que ce que les gens font de ce message, de la façon dont ils se l’approprient, le consomment, le détournent… et de leurs capacités à construire leurs pensées, leurs affectifs, leurs imaginaires à partir de la relation entre ce moment de réception et leur expérience personnelle. Par exemple, si la série télévisée Hélène et les garçons a eu tant de succès auprès des adolescents(es) ce n’est pas tant parce qu’elle affichait « un parti résolument optimiste dans un monde où le pessimisme fait partie inhérente du discours de la société sur elle-même », que parce qu’elle jouait un rôle essentiel d’initiation à la grammaire des jeux amoureux.

Les personnages de la série sont un peu comme des porte-manteaux sur lesquels chacun peut accrocher ses propres vêtements.

PASQUIER Dominique – 1994

Si les théories de la réception on fait du spectateur un « récepteur actif » en réhabilitant le pouvoir de chacun dans la construction du sens, elles postulent, en revanche, le spectateur comme étant un sujet libre de ses choix de consommation, estompant ainsi les notions d’oeuvres ou de valeurs. Par ailleurs les liens idéologiques entre les travaux sur la réception et le marché comme modèle de penser la société n’ont jamais vraiment été explicités.

Dans la communication, le plus compliqué n’est ni le message, ni la technique, mais le récepteur.
Dominique Wolton

Haut de page ↑  
Secured By miniOrange