La nature dans le cinéma de Miyazaki

Quelques considérations

sur le cinéma de Miyazaki

Une étiquette « manga » 

« manga » = « petite image » (terme utilisé depuis Hokusaï, 18ème siècle)

On pourra demander aux apprenant.e.s de comparer les deux images ci-dessus : « La Grande Vague de Kanagawa » (Hokusaï)/photogramme extrait de « Ponyo sur la falaise » (Miyazaki)

« Grands yeux » des personnages faussement perçus comme un désir de plaire au public occidental alors qu’il s’agit d’une norme esthétique issue de la réception cathartique, par de jeunes mangakas,  de « Bambi » (Disney, 1948), norme peu ou prou imposée par Osamu Tezuka (1928-1989) dessinateur de mangas pour enfants et adultes chef de file du genre et réalisateur d’animés

Bambi (1948)/Léo Roi de la Jungle (1997, original 1950-54),Mon Voisin Totoro 

Des préoccupations artistiques

Technique au service de l’art -il y a aussi du numérique et pas que de « l’image par l’image »

https://buta-connection.net/index.php/longs-metrages/films-de-hayao-miyazaki/princesse-mononoke?start=5

Les lay out

Les natures mortes dans « Mon voisin Totoro »

Des références à l’histoire de l’art

Le tableau du préraphaélite J.E. Millais, Ophelia [Ophélie, peint en 1851-1852] Miyazaki s’est même rendu spécialement à la Tate Britain, le musée de Londres où se trouve exposé le tableau. Il a marqué l’imagination du romancier japonais. 

Miyazaki : « Cette peinture est aussi dense que les images de mes films. J’ai finalement compris que je faisais la même chose que ces peintres, mais en moins bien. ça ne sert donc à rien de continuer dans cette voie car je ne peux pas les surpasser. »
Le réalisateur décide donc de changer de cap et de passer d’un style sans cesse plus détaillé à un style plus simple et naturel, plus proche du trait d’origine du studio Ghibli. 

Durieux Sylvie, CPAV 78 

https://cache.media.education.gouv.fr/file/ecole-et-cinema/97/5/ponyo_sur_la_falaise_cycle_2_gs_720975.pdf

Une alternative à la globalisation culturelle

Les films de Disney contribuent à l’amnésie environnementale générationnelle

Le marxisme écologiste de Miyazaki

Les quatre natures dans le cinéma de Miyazaki

1- Nature bienveillante

Esthétique de la pureté : 

L’eau du lac guérisseur de « Princesse Mononoké «  (représentée par des tons bruns)

Végétation luxuriante de « Princesse Mononoké »

On pourra demander aux apprenant.e.s de compter le nombre d’essences végétales  différentes et d’essayer de les nommer (fougères, lauriers, racines de hêtres) afin d’introduire la notion de biodiversité

Rappel sur l’Ile de Yakushima, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO pour la richesse singulière de ses écosystèmes, lieu où Miyazaki et son équipe ont passé plusieurs semaines pour dessiner des croquis lors de la préparation de « Princesse Mononoké » »

https://www.telerama.fr/cinema/la-foret-de-yakushima-paradis-flottant-de-princesse-mononoke,71728.php

https://whc.unesco.org/fr/list/662/

 

Esthétique du développement durable

La communauté agraire de la Vallée du Vent dans « Nausicaa de la vallée du vent »

On pourra demander aux apprenant.e.s de :

  • Décrire les éléments du paysage de cette vallée (relief, cours d’eau, parcelles agricoles, habitat, moulins)
  • Dessiner les entités paysagères de cette vallée
  • Repérer les relations entre les humains et cet environnement (productives/affectives)
  • Débattre des énergies renouvelables (ici, l’éolien)

https://buta-connection.net/index.php/longs-metrages/films-de-hayao-miyazaki/princesse-mononoke?start=5

2- Nature dangereuse

La végétation 

Plantes toxiques dans « Nausicaa »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Faune_et_flore_de_Nausicaä_de_la_Vallée_du_Vent

On pourra demander aux apprenant.e.s de dessiner les végétaux de la « fukaï » -la forêt toxique

On pourra demander aux apprenant.e.s de dresser une liste des plantes sauvages comestibles qu’ils connaissent

La Faune      

  • Sangliers dans « Princesse Mononoké » 
  • Infectés -ici, par la destruction de la forêt initiée par « l’Homme »
  • En guerre contre « l’Homme » avec des peintures tribales -pour sauver la forêt

On pourra demander aux apprenants de classer en deux colonnes leurs arguments favorables et défavorables à la chasse au gros gibier et/ou proposer un débat mouvant sur cette thématique

  • Loups dans « Princesse Mononoké »
  • On pourra rapprocher la représentation du loup de celles proposées dans d’autres productions imaginaires (contes…)
  • On pourra demander aux apprenants de classer en deux colonnes leurs arguments favorables et défavorables à la chasse au loup et/ou proposer un débat mouvant sur cette thématique
  • On pourra rapprocher le personnage de San de celui de Mowgli et de la thématique plus générale des « enfants sauvages »

L’Eau

  • Tempête dans « Ponyo »

Voir exercice proposé supra : comparaison « La grande vague de Kanagawa »/la tempête dans « Ponyo »

  • Orage dans « Mon Voisin Totoro »

(Hiroshige/Myiazaki)

3- Nature évolutive

Les trois formes de Ponyo

C’est parce qu’elle a sucé le sang de Sôsuke que le corps de Ponyo subit sa première métamorphose. Par la suite, en tentant d’échapper à son père, elle se baigne dans l’eau de vie et elle acquiert ainsi le pouvoir d’utiliser la magie, mais aussi de se transformer totalement en humaine. 

  • Jinmengyo : c’est la forme de poisson à tête humaine dans laquelle on découvre Ponyo au début du récit. Elle a déjà la faculté de prononcer quelques mots (probablement dû au fait qu’elle a goûté au sang humain).
  • Hangyojin : c’est une forme intermédiaire. Ponyo a la forme d’un être humain, mais ressemble aussi à un poisson avec des jambes ou une grenouille. Avec ses yeux très écartés, ses mains et ses pieds à trois doigts, Ponyo est encore enchaînée au monde de la mer. C’est encore une habitante des océans. 
  • Être humain : Sous cette forme, le regard de Ponyo devient vif et curieux comme si elle ne voulait rien rater du monde qui l’entoure. 

La faune du dévonien dans « Ponyo sur la falaise » : elle apparaît vers la fin du film, après le tsunami. Elle permet d’avoir un regard évolutif sur la nature à l’échelle des temps géologiques.

Les monstres du Dévonien dans « Ponyo sur la falaise »

Les Dipnorhynchus et les Bothriolepis sont des poissons qui vivaient réellement à l’époque du dévonien et dont des fossiles ont été retrouvés. 

Une conception de la nature similaire à celle de la « Physis » dans la tradition de la Grèce Antique ici redoublée par le traumatisme nucléaire vécu par les japonais (Hiroshima 6 août 1945, Nagasaki 9 août 1945)

La dématérialisation du dieu de la forêt dans « Princesse Mononoké »

4- Nature anthropisée

La danse dans « Mon Voisin Totorohttps://www.youtube.com/watch?v=oIII1h-743U »

Danse pour permettre la croissance des plantes

Dans de nombreuses régions du monde on trouve trace de divinités de la fécondité, de la terre, de la nature, de la pluie. Ces divinités sont souvent représentées par des statuettes et elles sont honorées par des danses rituelles (Afrique, Asie, Océanie). On se reportera au site du musée du quai Branly, www.quaibranly.fr. On peut y voir de courts films de danses traditionnelles et proposer en expression corporelle d’inventer une danse dont les gestes symboliseraient les travaux de la terre, la venue de la pluie, la poussée florale. Prévoir en amont une recherche écrite des différentes étapes de la danse, des croquis des différentes postures lors des enchaînements. Faire un choix musical pour une démonstration de ces danses (dans le cadre d’une représentation à l’école on peut utiliser un morceau de la musique du film).

  • Les traces du shintoïsme dans Princesse Mononoké 

Le site « monchval.com » propose une analyse pertinente agrémentée d’extraits vidéo

http://mag.monchval.com/princesse-mononoke-analyse-explications/

  • La représentation des Emishi/Aïnus

Les Emishi sont des Aïnous originaires du Tohoku. Les Aïnous forment le groupe aborigène du nord du Japon, originaire de l’est de la Russie, et qui ont migré vers -1300 av. J.C. vers Hokkaïdo. Les Aïnous sont, à l’instar des Burakunin, exclues de la société japonaise féodale. On peut donc voir une très grande proximité entre Ashitaka et les habitants du village de Dame Eboshi, puisqu’Ashitaka est doublement exclu : il est exclu parce qu’il est un Aïnou, mais également parce qu’il est un Emishi, c’est à un dire un groupe d’Aïnou qui a refusé de se plier à l’autorité de l’empereur du Japon.

Nous savons que les Emishi étaient un peuple de chasseurs-cueilleurs, qui se nourrissaient en partie de cultures céréalières (orge et riz). Les Emishi étaient également réputés comme étant de grands guerriers, et leurs techniques guerrières ont souvent porté leurs fruits face à l’armée japonaise. La raison en est simple : les Emishi étaient des archers et des cavaliers. Cette stratégie, utilisant des cavaliers munis d’arcs était très efficace face à l’armée japonaise, qui était essentiellement basée sur l’infanterie lourde. Ashitaka est un très grand cavalier, et un archer hors-pair. Son village semble avant tout être un village agricole, et son rang de prince démontre bien que dans son peuple, l’autorité japonaise était contestée.

https://hitek.fr/actualite/princesse-mononoke-vs-l-histoire_18270

Pour aller plus loin

« Philosopher avec Miyazaki » série d’émissions radio

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-philosopher-avec-miyazaki

La forêt de Princesse Mononoké 

https://shs.hal.science/halshs-00820508v1/document

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