Citoyenneté

Une question d’éducation

En éducation, la citoyenneté est conçue comme un principe organisateur de la « cité scolaire » et de la formation de la personnalité de l’élève. Elle légitime l’existence de l’école, en oriente toutes les activités, détermine le choix de ses contenus et de ses méthodes et constitue la principale référence pour juger de sa véritable efficacité, aussi que l’on pointé Meirieu et Guiraud (1997).

La citoyenneté peut s’entendre à des échelles différentes : citoyenneté locale, nationale, supranationale, européenne ou du monde.

L’exercice citoyen des apprentissages dans l’école du XXIe siècle comporte, selon René La Borderie (L’école au XXIe siècle, Nathan, 2000), trois dimensions qui sont :

  • le partage d’une culture commune marquée par la tradition,
  • l’implication dans un travail par lequel chacun assure les conditions de son existence matérielle et celles du progrès de la communauté,
  • enfin une participation active à la vie politique de son pays.

« La Liberté guidant le peuple », d’Eugène Delacroix, revue et corrigée par Pierre-Adrien Sollier, version Playmobil

(exposition à l’Hôtel-Dieu de Brie-Comte-Robert, 2017).

Notions et ressources

Citoyenneté numérique :

Le site eduscol propose divers ressources autour de l’éducation au numérique à l’école.

La Ligue de l’enseignement propose un site dédié : Société numérique.

Statut et pratiques de l’éducation à la citoyenneté :

Le Conseil de l’Europe propose divers ressources sur l’avenir de l’éducation à la citoyenneté démocratique (ECD) et aux droits humains en Europe.

L’Education à la Citoyenneté est un savoir, un enseignement non neutre. Qu’est-ce que ça engendre pour l’enseignant et la didactique ?

Les champs d’intervention sont multiples : harcèlement, éducation à la santé et à la sexualité, travail de mémoire, presse lycéenne, éducation aux médias, éducation au numérique, écocitoyenneté, économie sociale et solidaire…

Autour de nombreux thèmes, une réflexion approfondie sur l’éducation à la citoyenneté par la Ligue de l’enseignement.

L’OCCE, Office central de coopération à l’école (partenaire de l’Enseignement agricole, conventionné par la DGER), propose des ressources pour l’éducation aux médias et pour  la Semaine de l’économie sociale et solidaire : Mon ESS à l’école.

La LDH, Ligue des droits de l’homme, offre aussi de multiples ressources.

Et pour aborder autrement l’écocitoyenneté, pourquoi ne pas commencer par évoquer le travail de l’artiste plasticien Issac Cordal ?

Isaac Cordal, Follow the leaders, Berlin. 2011

Voir aussi

Éduquer à la citoyenneté ?

Éduquer pour l’ère planétaire

Sans en avoir toujours conscience, nous assurons collectivement la survie de l’espèce humaine.

Celle-ci est en péril mais elle a des ressources.

Il y a des périls immédiats (destruction physique, déshumanisation des rapports sociaux etc.), et d’autres qui nous menacent à plus ou moins brève échéance (épuisement des ressources énergétiques, raréfaction de l’eau, pollution de l’air…).

La ressource particulière de l’espèce humaine est d’être en mesure de prendre en charge sa propre évolution : par la curiosité, l’invention, la science accumulée. De nouvelles aspirations et idéologies (écologie, féminisme) soulignent la nécessité de réorienter nos échelles de valeurs. Elles auront à s’exercer dans des conditions qui nous sont inconnues, mais on peut pressentir que, pour survivre, l’humanité aura besoin de la vigilance et du travail de tous ses enfants, responsables et solidaires. C’est aussi cela l’émergence de la citoyenneté planétaire.

Cf. Morin E., Motta R., Ciurana E. (2003), Éduquer pour l’ère planétaire, Balland. Voir un compte-rendu de lecture.


Réflexions et mises en garde de François Audigier

« Penser son appartenance c’est penser son histoire comme solidaire avec celle d’autres personnes, comme partie prenante d’une histoire collective.

« La citoyenneté complète ce sentiment par l’exigence de la présence et de l’action avec les autres.

« J’ai développé ailleurs (…) le passage d’une citoyenneté d’appartenance et d’obéissance telle qu’elle a été mise en avant à partir de la fin du XIXe siècle à une citoyenneté délibérative, participative et instrumentale.

« Je m’inquiète surtout d’une certaine naïveté et exprime une crainte. On ne peut qu’adhérer à l’idée de construire une personne libre et autonome, de refuser de faire de nos enseignements des instruments de propagande. Mais, la liberté et l’autonomie sont-elles des états que l’on atteindrait après une durée plus ou moins longue d’éducation ? Je préfère les penser comme un mouvement, un mouvement jamais achevé, un mouvement dans lequel entrent aussi des dimensions affectives, émotionnelles, un mouvement fortement contextualisé par les conditions aussi bien matérielles que culturelles dans lesquels il se développe ; ces conditions constituent un ensemble de contraintes autant qu’un ensemble de ressources dans lesquelles l’individu est situé ou dans lesquelles il puise selon les moments et les circonstances, selon ses projets, ses désirs, ses aspirations. Ce mouvement de liberté et d’autonomie se produit toujours dans un monde où nous sommes en relation avec les autres. Nous avons besoin de nous penser en relations avec les autres. Ces relations se construisent et se développent dans le cadre de représentations du social que l’historien Baczko nomme des imaginaires sociaux : « Tout au long de l’histoire, les sociétés se livrent à un travail permanent d’invention de leurs propres représentations globales, autant d’idées-images au travers desquelles elles se donnent une identité, perçoivent leurs divisions, légitiment leur pouvoir, élaborent des modèles formateurs pour leurs membres, tels par exemple ‘le vaillant guerrier’, le ‘bon citoyen’, le militant dévoué’, etc. » (…).

« Il y a donc une part obligatoire d’imaginaire, d’affectif, d’émotionnel dans la construction et l’affirmation de nos identités. Il est évident que nous ne pouvons pas penser ces dernières de la même manière qu’il y a 50 ou 100 ans. Elles sont dites et souvent vécues aujourd’hui mobiles, indécises, multiples, soulignant ainsi qu’elles sont prises dans l’histoire de chacun et qu’elles se réfèrent à des échelles d’appartenances elles aussi multiples. Cette situation met en difficulté l’appartenance à la communauté politique qui était censée dessiner un cadre commun pour tous les citoyens. En laissant hors de ce champ politique d’autres appartenances, les systèmes démocratiques permettent cette multiplicité. Aujourd’hui devant les difficultés que rencontre ce niveau politique, le choix de la ‘boîte à outils’ s’est imposé quasiment de lui-même et est apparu comme une affirmation supplémentaire de la liberté de chacun. Je souhaite nuancer ici cette vision quelque peu angélique.

« D’une part nous ne pensons pas tout seul ; nous pensons grâce aux autres, avec les autres, les autres des générations antérieures, leurs œuvres, leurs productions, les autres nos contemporains ; d’autre part nous appartenons à des entités différentes, nous sommes habités par des imaginaires sociaux qui nous modèlent et nous informent autant que nous contribuons à les reproduire et à les modifier.

« Si nous laissons cette dimension de nos disciplines à la porte de nos classes, ce sont d’autres forces, d’autres influences qui viendront prendre la place. Elles y sont déjà ; les médias, les pairs jouent un rôle croissant, les communautés aussi, communautés non pas politiques et démocratiques, mais communautés dites culturelles et qui dessinent des appartenances présentées et vécues comme des essences, comme des natures, et non comme des constructions historiques et donc mobiles, modifiables, ouvertes. Les appartenances sont en prise directe avec les échelles, échelles sociales, échelles de temps et d’espace. Elles définissent nos espaces de solidarité. Nos programmes scolaires sont des réponses à un projet politique, à une conception du vivre ensemble. »

François Audigier (1999), La formation du citoyen, INRP.

François Audigier, docteur en didactiques des disciplines et titulaire d’un diplôme d’habilitation à diriger des recherches, est professeur honoraire à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université de Genève, didactiques des sciences sociales (histoire, géographie, citoyenneté).


Évaluation (Arnstein)

Un outil d’évaluation de la participation citoyenne : l’échelle d’Arnstein
Les niveaux de participation et de « non participation », tels que présentés par les Centre sociaux de Rhône-Alpes (pdf, 2 p.).

Objectifs :

Pour Sherry Arnstein, cette grille de lecture permet à la fois de mesurer le degré de participation des citoyens dans des affaires publiques, et de suivre leur degré d’implication dans le projet.
Elle permet aussi de savoir si on est dans un projet de démocratie participative ou de « démagogie participative ».
Il est en effet possible d’utiliser cette grille comme :
– outil de suivi de l’évolution du processus d’implication et d’appropriation d’un projet par les participants,
– outil d’évaluation,
– outil de compréhension des demandes et des réponses : il existe des paliers significatifs de participation et d’engagement,
– outil de dialogue autour de la notion de participation,
– outil de définition des rôles des acteurs.

Bâtie sur huit niveaux, l’échelle d’Arnstein mesure le pouvoir du citoyen et sa propension à participer à un projet.
La participation peut recouvrir différentes modalités :
– Une simple information à destination des acteurs locaux.
– Les acteurs locaux comme source d’information.
– Participation active des acteurs locaux ( identification des problèmes et des besoins, réalisations des actions, participation dans un processus démocratique).


Les premiers niveaux (1 et 2) correspondent à la manipulation et décrivent le niveau de « non participation », que certains confondent avec la vraie participation.
Les niveaux 3 et 4 permettent à ceux qui n’ont pas le pouvoir d’avoir accès à l’information et de se faire entendre. Mais leurs avis ne seront pris en compte par ceux qui ont le pouvoir.
Le niveau 5 permet aux citoyens de donner leur avis, mais le droit de décider reste entre les mains de ceux qui ont le pouvoir.
Les 3 derniers niveaux correspondant au pouvoir des citoyens. Ils indiquent des degrés d’influence croissante sur la prise de décision. Les citoyens peuvent nouer des partenariats qui leur permettent de négocier et d’engager des échanges avec les détenteurs du pouvoir.

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