Fiche Land Art et Art environnemental : « l’art dans la nature et la nature au musée » On tend à regrouper sous le nom de Land Art des œuvres qui utilisent des matériaux naturels et/ou sont installées dans des sites de plein air. Cela recouvre au moins deux tendances artistiques assez différentes, bien que non dépourvues de liens : le Land Art et l’Art Environnemental ou Écologique. Le Landart naît dans l’Amérique des années 1960 dans un contexte de questionnement radical du statut de l’art et des artistes. Dépassant le cadre de l’installation artistique et les limites des galeries d’art et des musées, les artistes veulent sortir du musée, et investissent les grands espaces déserts du sud-ouest américain avec des projets souvent gigantesques. Il ne s’agit plus de figurer le paysage « de visu » mais de le transformer et/ou d’en modifier la vision « in situ ». L’art environnemental, ou écologique, a quelque scrupule à utiliser les matériaux artificiels et les interventions in situ parfois violentes du landart. Il utilise pratiquement toujours des matériaux naturels, la plupart du temps issus du site. Plus intimiste et modeste, il réinvestit la dimension de l’objet, dans des approches proches de l’arte povera ; le dialogue avec la nature se fait essentiellement à travers le matériau naturel et les formes. Occupant une position mouvante entre l’art, le paysage, et l’aménagement, le landart et l’art environnemental ont transformé nos manières de voir notre environnement ; leur influence a été considérable, non seulement sur les pratiques artistiques, mais aussi sur la forme des jardins (Festival de Chaumont et autres festivals de création paysagère) de l’aménagement du paysage (ainsi l’aménagement de l’aire d’autoroute de Nîmes-Caissargues, laisse deviner un lien avec le double negative de Heizer), la communication événementielle (la moisson aux Champs-Elysées), etc. Bibliographie Liens A télécharger : le texte de cet article augmenté et illustré. Paysage, écologie, agriculture : les approches artistiques en question. Aborder la diversité des points de vues sur les rapports existants entre le paysage entretient et les mondes de la création, qu’il s’agisse des arts plastiques ou de la littérature, c’est ce qui a été proposé en 2019 à travers le colloque « Approches systémiques et sensibles du paysage : des sciences de la Nature aux Arts du paysage » (Université Toulouse Jean Jaurès, EA LARA-SEPPIA). La revue Arts et sciences a publié les actes de ce colloque dans deux numéros 2020 (volume 4, n° spécial et n° 1). De la vision paysanne de Jean Giono aux sirènes écologistes d’Anthony Morton, en passant par l’approche mésologique d’Augustin Berque, les auteurs questionnent tout à tour les relations au paysage qu’entretiennent les approches de l’écologie, de l’agroforesterie, de l’écopoétique, de la création plastique ou encore du chant montagnard. La pensée paysagère est dès lors indétachable de notre rapport à l’esthétique des paysages en mouvement, que l’on peut situer entre l’expérience anthropologique et l’exploration artistique. Cette approche devient évidente quand l’oeuvre fait système avec l’environnement. Quelques communications, parmi toutes celles consultables en ligne : Cet article présente les choix artistiques (illustrations à l’appui) ayant guidé l’aménagement du « Carré Vert », dans la région de la Goitsche en Allemagne, avec des installations artistiques conçues par l’auteur. Ces choix étaient fondé sur la reconnaissance des transformations perpétuelles des paysages, au-delà des distinctions entre l’évolution naturelle et l’activité humaine. Ils prennent en compte l’histoire industrielle des lieux, ainsi que leurs caractéristiques écologiques actuelles, pour proposer une nouvelle manière de les habiter. Il s’agissait de reconvertir cette ancienne région industrielle en un « paysage culturel », associant des enjeux culturels, écologiques et esthétiques. Communication et bibliographie étoffant l’article précédent en prenant davantage en compte le contexte, en lien avec l’Enseignement agricole (document de 10 pages). Réunir dans un même ouvrage l’histoire de la représentation de l’agriculture et du monde agricole par les artistes occidentaux, et celle de l’évolution des pratiques agraires, répond aux interrogations contemporaines sur nos rapports à la nature et à nos racines rurales. Didier Christophe livre ici le fruit de ses travaux : les constats du chercheur y sont éclairés par le regard du plasticien. Son écriture fait alterner les arts plastiques et l’agriculture, pour en suivre le dévoilement au fil des siècles. Abordant de très nombreux témoignages laissés par les artistes, il les confronte aux travaux d’agronomes, d’historiens et d’esthéticiens, y mêlant, pour la période la plus récente, les apports de sociologues et d’anthropologues. Les œuvres évoquées, abondamment reproduites, guident le récit à la fois circonstancié et un brin romanesque d’un monde rural qui, loin d’être statique, paraît éternellement en devenir. Tout en rappelant l’évolution des usages et des mentalités, il nous permet de percevoir comment l’agriculture demeure une clé de compréhension des mutations de nos sociétés, jadis agitées par des enjeux de sécularisation, et aujourd’hui en proie à la diversité de nos conscientisations. Des ressources internes à esc@les : Quelques ressources à aborder en mode projet :
(Michèle Constans, ENFA, 2009)
Les deux ont en commun la prédominance de l’usage de matériaux naturels bruts, le questionnement des relations humain/environnement, ancré dans une contestation de la société post-industrielle, et ce sont des œuvres souvent éphémères. En tel cas, seule en reste la trace filmique ou photographique : Richard Long marche, laissant sa trace dans l’herbe, pendant plusieurs heures ; après 5 ans de préparation, la « Running Fence » de Christo ne reste en place que 14 jours ; les sculptures de glace de Goldworthy fondent, etc.
La monumentalité (De Maria, Smithson) est l’une des caractéristiques des « earthworks », qui détournent au profit de l’art les machines et techniques, l’échelle, et l’impact paysager des grands ouvrages de l’ère industrielle.
La relation entre l’œuvre et le paysage à grande échelle, voire le cosmos (Sun Tunnels de Nancy Holt) est essentielle, qu’elle soit en terme d’interprétation, ou de transformation. Le Landart est un dialogue de l’artiste avec le paysage in situ.
La prise en compte des dimensions non-visuelles du paysage est fondamentale, que l’on sollicite l’imagination de l’observateur (De Maria), ou bien d’autres sens.
Il crée des objets naturels, exposés en plein air la plupart du temps. Mais la dimension spécifiquement paysagère (= le dialogue de l’œuvre avec l’espace alentour) est souvent absente ; bien qu’il utilise souvent un cadre naturel, l’art environnemental travaille sur la nature et non sur le paysage.
Souvent les artistes écologiques réintègrent soit le musée, qu’ils investissent avec des matériaux naturels, soit le jardin ou l’espace public urbain, qui sont les places traditionnelles de la sculpture.
Usant de techniques à la portée de tous, l’art environnemental est devenu un outil pédagogique et de communication qui n’échappe pas toujours à la facilité voire à l’académisme.
Domino Christophe, A ciel ouvert ; l’art contemporain à l’échelle du paysage, Scala, 2005
Garraud Colette, L’Idée de nature dans l’art contemporain, Flammarion, 1994
Tiberghien Gilles, Land Art, éditions Carré, 1993 (réédition revue et augmentée : La Découverte, 2012)