L’écriture journalistique

Les bases de l’écriture journalistique : simple mais efficace.

Cette page est basée sur les apports de Claire Le Nestour (journaliste et formatrice, lors d’un stage PNF à l’Ecole supérieure du journalisme, Lille, 2022).

L’écriture journalistique est simple, directe, incisive (on ne tourne pas autour du pot), riche (vocabulaire choisi) :

  • avec des phrases courtes, à la voix active, au présent, avec peu de négations, et des citations (évite d’abuser du style indirect, et fait que le lecteur a rencontré la personne),
  • sur le principe « une phrase = une info » (sinon on l’enlève : tout le gras, on le supprime).

Pour savoir ce qu’on va dire :

  • bien observer ce qui se passe, le contexte, le matériel,
  • bien prendre en note,
  • capter les détails qui feront la différence,
  • écrire de façon exacte (description des couleurs, ambiances, vocabulaire…),
  • et repérer la personnalité, son langage corporel, etc.

Choisir un angle

Avant tout, « tenir un angle » : c’est le trou de serrure par lequel on regarde le sujet, le point d’entrée ; une technique est d’envisager le titre ou le chapô de l’article…

Ne pas confondre thème, sujet et angle. La réduction d’un sujet à un angle s’anticipe : les élèves doivent avoir effectué des choix à ce propos, avant d’aller sur le terrain faire un reportage.

Exemples de réduction thème > sujet > angle :

  • le travail > les conditions de travail > les conditions de travail des chauffeurs de noctiliens de détériorent
  • le sport > le dopage > les nouvelles formes de dopages à l’ère du génie génétique

Le choix de l’approche peut aussi être pensable par rubrique > sous-thème > angle de l’article ; un numéro thématique se pensera ainsi, en multipliant par des sous-thèmes les angles proposés par les articles. Ce qui permet d’amener d’autres lecteurs au thème.

En classe, il est possible de construire ça sous forme de carte mentale. Un bon outil pour ça : Miro, qui permet des interconnexions et est collaboratif, contrairement à Xmind, et permet d’exporter en jpeg (mais pas en pdf).

Conseil pour l’entretien de terrain : couper sa feuille de prise de notes en deux colonnes est pratique : ce qui est dit et ce qui est observé.

Ecrire efficace, c’est aussi…

Adapter son écriture à la multiplicité des enjeux identifiés :

  • simplifier les choses compliquées (= vulgariser),
  • résumer,
  • ne pas conserver ce qu’on n’a pas compris,
  • d’adapter à son lectorat visé.

Structurer de l’article, en une pyramide inversée :

  • Du plus au moins important :
  • l’urgent (le push) (le lead)
  • les réactions
  • le back-ground
  • les détails plus mineurs

Adapter la mise en forme et la « titraille » :

  • Le titre (qui ne devrait pas être question), qui peut être :

– incitatif (« Dorine Bourneton, aérien à perdre », in Libération, 30/11/2021), qui peut susciter l’envie d’en comprendre davantage, mais qui n’est pas utilisable sur le dramatique, et reste à éviter pour le web afin de ne pas « perdre » l’algorithme,

– ou informatif (« Allemagne : le futur chancelier Olaf Scholtz favorable à la vaccination obligatoire », in Le Monde, 30/11/2021) ; cela rend l’information principale immédiatement perceptible, sachant que les lecteurs lisent en moyenne 8 % d’un journal, et que Le Monde contient 6 h de lecture.

  • Le chapô, qui ne reprend ni l’idée ni les mots du titre, mais dont tous lées éléments seront repris et développés dans le corps de l’article ; par exemple, qui quoi, où, et on garde quand et pourquoi pour le corps de l’article.
  • L’intertitre tous les 2 ou 3 paragraphes (2 ou 3 mots seulement).

Les formes d’article :

  • le reportage : sur le terrain, penser à repérer, observer, sentir, goûter… pour décrire, pour faire voir ce qui est inaccessible au lecteur ; c’est le domaine du terrain et des sens. Ne pas oublier les photos. (horizontales et verticales pour avoir le choix)
  • l’interview : on ne change pas le niveau de langage, mais on corrige les fautes de français, et on supprime les tics de langage ; il faut avoir préparé une dizaine de questions « ouvertes » après s’être renseigné sur la personne, pour faire raconter souvenirs, projets, réalités du moment, et penser à rebondir sur les réponses (facilitant : faire l’interview à 2 ou 3 élèves). Ne pas oublier les photos.
  • l’enquête : difficile à mener avec une classe ; c’est le journalisme de la révélation, et qui demande de nombreuses sources, un gros travail dans la durée et sur un sujet demeuré dans l’ombre. (cf. disclose.ngo/investigations). Ne pas oublier les photos.
  • la brève : simple, court, rapide ; pas de développement pour informer vite, en 5 ou 6 lignes, avec ce qu’il faut d’informations mais pas trop. C’est un type d’artiste qui permet de maintenir en production des élèves qui ont déjà terminé leur phase de travail principal, d’autant qu’on a toujours besoin de quelques brèves pour terminer la mise en page.
  • la chronique : associé à la critique (positive ou négative). Permet d’aborder un fait d’actualité, sur lequel le journaliste développe un texte sur un ton léger, où les prises de position se mêlent aux informations : pour donner son avis, il faut argumenter (ce qui a plu, pourquoi : il y a une dimension d’analyse)
  • l’éditorial : un seul par édition : une prise de position personnelle de l’éditorialiste (ou au nom de la rédaction en son entier), soit pour expliquer les angles retenus pour un dossier (type making-off), soit pour pointer un fait d’actualité, tout en évitant les positions conflictuelles.
  • le compte-rendu : factuel sur une actualité, il effectue une sélection des points importants, sans masquer l’ambiance, il articule citations, informations et descriptions.

En exercice préparatoire : demander sur un thème commun de proposer des sujets contextualisés pour vérifier que les élèves ont bien compris les différents.

Attention au ton pris, en fonction des personnes. Squeezy, ou d’autres youtubeurs ou tiktokeurs, invités pour des portraits ou des interviews par Thierry Ardison, étaient mal traités comme de simples bidouilleurs, alors qu’ils faisaient plus d’audience que France2.

Et les formats web ?

Quelques conseils pour publier sur Internet :

  • Pas de titres incitatifs sur internet (les formats papiers modifient les titres sur leurs sites, pour les rendre plus informatifs).
  • Les images sont une valeur ajoutée,
  • comme les cartes (par exemple sur googlemap),
  • les frises chronologiques mêlant images, textes et frise (sur Timeline JS, édité par knightlab.com),
  • les jeux informatifs, les graphiques (sur infogram.com),
  • les images interactives (sur thinklink.com)
  • deux images comparées par superposition (sur Juxtapose JS, édité par knightlab.com),
  • une carte « storytelling » (Storymap, encore un outil proposé par knightlab.com, où l’on peut intégrer sa propre carte au lieu de celle de googlemap),
  • ou encore l’intégration d’un son sur une image (avec genial.ly)

Les réseaux

Petit aperçu de l’offre début 2022 :

  • Facebook, le réseau en déchéance générationnelle
  • Youtube, une source d’information vers laquelle les jeunes ne pensent pas à aller. Le Monde a passé le million d’abonnés. Un format simple : le draw-my-life, pour des biographies, de l’info analytique (mais ça demande de savoir cadrer des images plutôt que de savoir dessiner. Les explications face caméra peuvent aussi être de bons exercices avec des élèves ; on peut traiter aussi des chroniques, éventuellement avec fond vert. Diaporama sonore (voir Diapéro, qui organise des concours de diaporamas sonores). Pour réaliser des diaporamas sonores, et même avec une image mobile enregistrant ce qu’on fait défiler à l’écran, il y a quantité de solutions en ligne…
  • Tik tok : des vidéos courtes jusqu’à 3 minutes. Trouver le moyen de faire continuer le visionneur sur les images. Brut. a beaucoup investi le format sur tik tik, avec son cadrage vertical.
  • Twitter : pour couvrir des événements en direct ; c’est un outil pour des pro de la com’ (journalistes, politiques, lobbies, associations, avocats…). Faire vivre une JPO sur Twitter, c’est prévoir 40 ou 50 twitts dans la journée, avec un post toutes les 10 minutes. Attention, ce n’est pas un média bienveillant, mais on y est pénalement responsable.
  • Instagram (interdit aux moins de 13 ans, en principe) : actuellement, le référé des jeunes ; certains médias ne sont que sur Instagram (ou Instagram et Tik Tok), comme le.media.positif, et c’est aussi un média-miroir, et un canal pour les influenceurs, mais aussi pour des médias sérieux (comme Vert, ou Infographie) ou des producteurs de contenus non journalistes (Hugo Clément, Iznogood, reporter2raismes).

Instagram : Attention, un pré-requis est que les formateurs soient déjà familiers d’Instagram. Mais le format est intéressant, avec des portraits en articles courts de 5-6-700 signes, avec un titre et une photo, ou bien une chronique en vidéo (le dernier album BD préféré, aussi bien que le portrait du quartier) ;

Pour toutes les plateformes : Attention, les photos et vidéo où l’on voit les enfants ne peuvent être diffusées que si l’autorisation parentale est donnée pour chaque projet.

Canopé propose des challenges de l’info sur Tik tok, Instagram…

Les vidéos sur le web

la vidéo doit être courte et efficace :

  • penser aux sous-titres pour ceux qui doivent se passer du son (dans les transports…)
  • les vidéos incarnées accrochent davantage
  • attention au son : filmer de près
  • des applications gratuites pour faire du montage sur smartphone : in shot ou spark.

La formation, notamment dans sa dimension conscientisation et prévention, peut aussi prendre la forme :

  • d’une production collective
  • de pastiches,
  • de trucages, et les élèves peuvent s’y insérer en utilisant un fond vert.

Le podcasts

Le podcast, c’est avant tout un son, et ce son permet aussi bien l’enquête, le portrait, la recette, mais aussi de travailler l’imaginaire : par les sons de la ferme, de la nature, livrés bruts, ou liés à une carte postale sonore, avec peu de paroles et beaucoup de son dans un format court (1 à 2 minutes seulement).

Quelques conseils :

  • Ecrire en mode storytelling : de l’oral qui entretienne le suspens et donne en même temps beaucoup de détails,
  • enregistrer sans lire et en maîtrisant sa distance au micro : attention à la saturation,
  • monter sur un logiciel gratuit et facile à utiliser : Audacity ou Reaper,
  • penser à bien mixer ls volumes, pour que le podcast soit agréable à écouter,
  • réaliser l’habillage en ajoutant des bruitages ou de la musique librede droit sur une autre piste,
  • exporter au format MP3 pour mettre en ligne.

Pour un format interview, trouver un cadre sympa qui aura un impact positif sur les sons d’ambiance, et enregistrer quelques minutes de son d’ambiance qui permettront de retravailler l’habillage.

Fixer un contexte original, décalé.

Des sites pour diffuser ou pour écouter :

  • louiemedia.com
  • binge.audio
  • et aussi arteaudio.com,

Des exemples :

  • sur la chaîne Soundcloud de Arte Radio, la série « Petite soeur« , aussi accessible sur Youtube,
  • sur le site Internet de la radio France Culture, LSD, la série documentaire.

On peut très utilement consulter notre page dédiée, source d’outillage et de conseils : « Le coin du podcast » !

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