Enseigner/Apprendre

Stratégies pédagogiques

Une stratégie pédagogique est un ensemble de méthodes et de démarches, qui vont déterminer des choix (de techniques, de matériels, de situations pédagogiques…).

La pédagogie est faite de choix conscients ; or, souvent, on « choisit » intuitivement ces variables, on « construit » implicitement ces stratégies, on se condamne donc à conduire nos démarches par la force d’habitudes, et nos démarches ne résultent pas d’une large exploration des possibilités existantes.
En s’interrogeant sur la combinaison de ces variables, on devrait amener des questionnements sur la cohérence des stratégies choisies.
Le choix d’une stratégie est déterminé par l’objet de l’apprentissage (sur quoi il porte) et son but (le niveau de performance visé).
Ce qui donne du sens à une stratégie, ce sont donc les démarches et les méthodes pertinentes appliquées par l’enseignant d’ESC. En fonction de ces choix, on peut déterminer si une stratégie va plutôt conduire vers un conditionnement ou vers l’autonomie et la créativité des apprenants…

Démarche
Manière de conduire une action, de progresser vers un but.

Démarche inductive

Elle consiste à aller du particulier au général.
L’enseignant d’ESC propose des situations qui permettent aux jeunes d’étudier des cas particuliers, à travers lesquels ils auront à construire la règle, le principe général, ou le mode de fonctionnement.

Démarche dialectique

Elle consiste à mettre des connaissances en contradiction les unes par rapport aux autres pour mieux identifier chacune d’elles. Cette démarche convient pour l’apprentissage de concepts abstraits ou philosophiques à partir de points de vue différents, mais aussi pour tout ce qui permet d’exercer un regard critique.

Démarche déductive

Cette démarche consiste à aller du général au particulier, c’est-à-dire à présenter d’abord un principe général puis à proposer des exercices d’application de ce principe afin de renforcer la mémorisation.

Démarche analogique

Cette démarche consiste à transposer à un nouveau contexte, un traitement ou une solution déjà connue.
(le plan du bureau réel pour expliquer comment s’organise le « bureau » de l’ordinateur).

Ces deux démarches sont privilégiée dans l’approche constructiviste…

– la connaissance résulte du fruit de l’activité d’un sujet (sa propre activité / sa propre connaissance),
– l’élève construit ses connaissances à partir de ce qu’il sait déjà dans une dialectique qui s’établit entre les anciennes et les nouvelles connaissances
– l’enseignant choisit des objectifs-obstacles à partir des conceptions des élèves et des obstacles épistémologiques (liés au contenu)

Méthode pédagogique : problème ouvert, étude de cas,…

et dans l’approche socioconstructiviste

– les interactions sociales constituent une composante essentielle de l’apprentissage (entre pairs / élèves-enseignants)
– co-construction des connaissances,
-les apprentissages scolaires ne peuvent se vivre qu’en « situation », ces dernières étant à la fois source et critère de connaissances,
– efficacité du conflit socio-cognitif : l’élève prend conscience d’autres représentations que les siennes et devient plus actif.
Méthode pédagogique : conduite de projet, discussions, travaux de groupe…

 

Méthode
Organisation codifiée de techniques et de moyens mis en œuvre pour atteindre un objectif.
Autrement dit, c’est un choix raisonné et explicable de techniques et de moyens pédagogiques.Ex : « J’utilise les études de cas pour cet apprentissage, parce que cela donne aux apprenants une meilleure capacité à transférer leurs connaissances »

Méthode active

Les méthodes actives sont centrées sur l’apprenant, considérant qu’il est l’acteur principal de son apprentissage. Elles prennent donc en compte sa motivation, ses besoins, ses attentes, et lui proposent des techniques à travers lesquelles il est amené à produire, à créer, à chercher.

Méthode interrogative

Elle consiste à utiliser des techniques d’animation en questionnant l’apprenant pour guider sa réflexion et l’amener à trouver des solutions.
Cette méthode découle de la très ancienne maïeutique de Socrate.
L’élève peut avoir l’impression de découvrir quelque chose et en retirer une certaine satisfaction, mais c’est toujours le maître qui conduit la réflexion.

Méthode expositive (ou magistrale)

C’est la méthode la plus traditionnelle qui utilise la technique de l’exposé.

C’est le cours dit « magistral », même s’il peut être ponctué de quelques questions.

 

Cadre général de la mise en œuvre pédagogique :

  1. Le savoir ne se transmet pas, il se construit dans un contexte d’apprentissage.
  2. L’apprentissage n’est pas linéaire, il est fait d’avancées, de paliers, de régressions. Les processus d’apprentissage comportent une variabilité inter et intra individuelle.
  3. L’élève se mobilise et trouve du sens à ses apprentissages s’il a des marges d’autonomie dans sa manière d’apprendre. Le choix peut se manifester autant individuellement que collectivement, autant à l’occasion de situations d’apprentissage banales que de projets négociés et contractualisés.
  4. L’évaluation et ses résultats engagent l’apprenant autant que l’enseignant : elle est au cœur du processus [enseignement/ apprentissage].
  5. Au-delà des connaissances, des techniques et des démarches, la formation transmet des valeurs et un modèle éducatif.

Pour professionnaliser nos pratiques, formalisons des objectifs pédagogiques ancrés dans les capacités visées

Les objectifs d’un référentiel de formation ne sont pas opérationnels (voir les définitions du chapitre Evaluation), c’est à l’enseignant.e de les opérationnaliser, dans la direction suggérée par la capacité visée par le référentiel de certification.

1. L’objectif pédagogique doit décrire très précisément le contenu de l’intention pédagogique, c’est-à-dire en quoi il preemet de développer et d’atteindre une capacité

Être sensible aux rapports interpersonnels, intégrer le facteur culturel dans l’approche du territoire,NON !
• Repérer et classer les composantes d’une situation de communication orale dans la classe, repérer les 4 processus d’acculturation mis en évidence dans un documentaire sur le Tibet, OUI

2. L’objectif pédagogique doit décrire une activité de l’apprenant identifiable par un comportement observable, base de l’avaluatin capacitaire

Comprendre les mécanismes de production des blockbusters, apprécier le concerto de Ravel pour la main gauche, NON !
• Identifier les instruments d’un extrait musical, énoncer trois caractéristiques d’une association loi 1901, OUI

3. L’objectif pédagogique mentionne les conditions dans lesquelles la capacité (voire, le comportement souhaité) doit se manifester :

Poser au maire interrogé des questions pertinentes, appliquer la grille d’analyse de l’image, NON !
• Dans un débat, argumenter alternativement deux positions opposées, concevoir une grille d’analyse à partir de l’étude de deux images photographiques, imaginer la suite d’une histoire après 10mn de réflexion, sans notes, et l’exposer. OUI


Repères

(…) C’est en termes d’obstacles qu’il faut poser le problème de la connaissance scientifique. Et il ne s’agit pas de considérer des obstacles externes, comme la complexité et la fugacité des phénomènes, ni d’incriminer la faiblesse des sens et de l’esprit humain: c’est dans l’acte même de connaître, intimement, qu’apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des troubles. (…). En fait, on connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l’esprit même, fait obstacle à la spiritualisation. (…) Il est alors impossible de faire d’un seul coup table rase des connaissances usuelles. ( …) Quand il se présente à la culture scientifique, l’esprit n’est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l’âge de ses préjugés.

Bachelard, G. (1938) La formation de l’esprit scientifique, Librairie philosophique J. Vrin, 1938, pour l’édition de poche, 1993, p. 13-14.

Les courants pédagogiques

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