Sémiologie

[Communication médiatisée]
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Sémiologie et sémantique
Ces deux termes sont synonymes. L’un et l’autre ont pour objet l’étude des signes et des systèmes de signification.
Sémiologie renvoie davantage à Saussure, à Barthes, à Metz et, de façon plus générale, à la tradition européenne, où les sciences dites humaines restent plus ou moins attachées aux mouvements littéraires, esthétiques et philosophiques.
Sémiotique renvoie à Peirce, Morris et, plus généralement, à une tradition anglo-saxonne marquée par la logique.
La sémiologie du cinéma est née en 1964 (METZ Christian in Communication n°4). Elle étudie les films dans leur dimension langagière, en tant que système producteur de sens. Elle est d’inspiration initialement linguistique puis emprunte ensuite à la sémiologie générale, à la narratologie, à la psychanalyse, à la pragmatique.
Marquée par le structuralisme (Lévi-Strauss) la sémiologie postule l’objet (texte, image, film…) comme principal lieu du sens. Elle est fortement dénoncée depuis une quinzaine d’années pour son caractère immanentiste de la signification et la non prise en compte du contexte et du spectateur dans la production de sens. Par ailleurs, un usage « pur et dur » de la sémiologie depuis les années 70, loin de faciliter la compréhension des messages a, au contraire, conduit à certaines dérives pédagogiques du type grammaire de l’image.

De nombreuses pratiques d’analyse des messages audiovisuels se sont développées dans la ligne des travaux théoriques sur la sémiologie de l’image fixe le plus souvent…/… Ce type d’exercice pédagogique peut devenir inutile voire dangereux : lorsqu’il vise plus un apprentissage terminologique qu’un apprentissage méthodologique (on jongle avec la polysémie, la monosémie, le code, le référent, le signifiant et le signifié…) ; quand il devient une fin en soi au lieu d’être un moyen d’aider à voir, entendre, dépister le sens (ça dénote et ça connote à tour d’image et de pâtes Panzani) ; lorsqu’il n’est pas relativisé par l’apport d’autres savoirs sur les images (histoire de l’art, iconographie, approches psychanalytiques, socio-historiques, anthropologiques,…) ; lorsqu’il se transforme en impérialisme culturel ou social pour imposer «le bon sens» au mépris du respect des processus complexes d’appropriation des messages…
Geneviève JACQUINOT -1985

La sémiologie de l’image et du film dans ses versions originelles (Barthes, Metz ou Eco…) n’a plus cours aujourd’hui. Au mieux elle s’est teintée de pragmatisme : la signification n’est plus considérée comme la mécanique immanente d’une rencontre entre un signifiant et un signifié, mais le produit d’un « donné a voir » et d’une réception contextualisée. Ni grammaire de l’image, ni codes prédéfinis, mais une construction spectatorielle toujours à re-situer dans son contexte géographique, historique, économique, social, culturel…

Signe

Dans la sémiologie classique (Saussure pour la langue, Barthes pour tout système de signes, Metz pour le cinéma…) une première distinction peut être faite entre le signe et son référent. (« Ceci n’est pas une pipe »).
Une deuxième distinction peut être établie dans le signe lui-même. Un signe est la réunion de quelque chose que je perçois et de l’image mentale associée à cette perception. Le signe est par essence double. On appelle signifiant, la face matérielle, physique, sensoriellement saisissable, et un signifié la face immatérielle, conceptuelle, qu’on ne peut appréhender que intellectuellement. Le signifiant et le signifié sont indissociables, ils sont comparables aux deux faces d’une même pièce qui serait le signe.
La signification est l’acte qui unit le signifié et le signifiant et qui produit le signe.
On dit qu’il y a monosémie lorsque à un signifiant correspond un seul signifié et il y a polysémie lorsqu’on peut associer plusieurs signifiés au même signifiant. (Ne pas confondre le couple monosémie/polysémie avec l’autre couple dénotation/connotation.)
La polysémie d’un système de signes est ce qui en fait sa richesse expressive et interprétative. La monosémie, au contraire, ce qui en fait sa logique, sa rationalité. On rencontrera plus fréquemment la polysémie dans les domaines artistiques, culturels,.. (une image par exemple) et la monosémie dans les domaines scientifiques, techniques,.. (une équation par exemple).
La dénotation est la signification fixée d’un signe donné (à un signifiant donné on associe un signifié). La connotation est une construction d’ordre supérieur dans laquelle signifiant et signifié d’un premier signe deviennent un signifiant de second degré qui à son tour produira un signifié second, etc.
signe
Dans la sémiotique de Ch. S. Peirce on distingue trois types de signes : les indices, les icones, et les symboles.

  • Les signes indiciels : sont des traces sensibles d’un phénomène, une expression directe de la chose manifestée. L’indice est lié (prélevé) sur la chose elle-même (la fumée pour le feu).
  • Les signes iconiques : sont des représentations analogiques détachées des objets ou phénomènes représentés. (l’image en particulier)
  • Les signes symboliques : rompent toute ressemblance et toute contiguïté avec la chose exprimée. Ils concernent tous les signes arbitraires (la langue, le calcul..)

La sémiotique de Peirce, qui date de la fin du XIXème siècle, a depuis quelques temps retrouvée une seconde jeunesse. Sans doute faut-il y voir la pertinence qu’elle offre dans la compréhension et l’analyse des formes actuelles de la communication audiovisuelle et en particulier depuis l’émergence des «nouvelles images». D’un point de vue sémiologique, la caractéristique principale de ces «nouvelles images», qui par le biais de l’iconicité cherchent à ressembler aux «anciennes», est de ne pas posséder de lien indiciel avec l’objet représenté. L’absence de contiguïté indicielle des «nouvelles images» a fait ressurgir, par opposition, cette dimension cachée de l’image photographique et cinématographique, même si cet aspect de trace («ça a été») fut parfois souligné par certains auteurs comme Roland Barthes (« La photo est littéralement une émanation du référent. » – 1980) ou Jean-Marie Schaeffer (la notion d’arché qu’il développa représente une forme de savoir spectatoriel sur la genèse de l’image – 1987).
Pour Daniel Bougnoux, le passage de l’indiciel au symbolique (de l’analogique au digital) serait le cheminement de l’éducation et de la culture, tandis que l’art, le rêve et l’imaginaire emprunteraient un chemin inverse (du symbolique à l’indiciel, ou du digital à l’analogique).

Symbole

Chose ou être qui, par sa forme, sa nature ou son caractère, est considéré(e) comme la représentation d’une chose abstraite (ex : la colombe, symbole de la paix). La valeur symbolique portée par un objet est généralement le fruit d’une culture propre à un peuple, à une religion, à une époque,…
Dans la sémiologie de Peirce en revanche, la définition du mot est beaucoup plus restrictive : le symbole est un signe qui a une relation arbitraire avec son référent (le mot arbre, par exemple, ne ressemble pas à un arbre), et cela contrairement à l’icone (image en particulier) qui est en relation d’analogie avec son référent et contrairement aussi à l’indice qui possède un lien matériel avec son référent (la fumée pour le feu).
Le signe symbolique suppose l’existence d’un code de construction (et de lecture). Ce code est nécessairement :

  • construit antérieurement à son utilisation.
  • arbitraire : fruit d’une élaboration complexe d’ordre social et culturel (écrit, langage mathématique…) ou d’une convention entre protagonistes de la communication.

Contrairement à l’analogie, dans laquelle la ressemblance est du ressort de l’appréciation de chacun, l’utilisation de codes impose une sou à des règles communes. En même temps, parce que le code s’appuie sur de l’arbitraire, il peut être démonté, analysé, transgressé. Le code peut par ailleurs intégrer la nuance et permettre ainsi l’expression de la complexité.

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