«Nous, fils et filles d’agriculteurs de Lozère»

Le 7 juin 2013  Dans Actualités 

stchely

Entretiens photographiques

Le projet a consisté à mener des entretiens photographiques avec des élèves de Terminale bac professionnel «élevage/valorisation du cheval» et «système à dominante élevage» afin d’essayer de corriger les représentations parfois stéréotypées liées à l’agriculture.
Le sujet est vaste, la thématique souvent abordée. Qui n’a pas entendu la parole de l’agriculteur en lycée agricole ? Quoique plus récente, celle de sa femme a, souvent également, été recueillie…Par contre, nous constatons que la voix de l’enfant reste muette. Et pourtant, il suffit d’habiter en campagne pour se rendre compte que, dès le plus jeune âge, l’enfant d’agriculteur est aux côtés de ses parents dans les tâches les plus diverses. C’est ainsi que nous décidons de choisir ce public, privilégiant la tranche d’âges entre 15 et 25 ans, période décisive dans la détermination d’un projet professionnel.
L’idée de diversité domine dans ce projet. Diversité d’âges, de productions, de territoires, de projets professionnels…Chaque jeune est une histoire à part entière, forte de ses racines et belle de ses promesses. Certains reprendront le flambeau, d’autres non.
Leurs aspirations sont aussi variées que leur caractère, nous permettant d’offrir des regards multiples de la jeunesse agricole et rurale, rejoignant ainsi un propos plus universel.
Ces 44 entretiens ont été conduits en intégrant les contextes personnels, familiaux, professionnels et culturels qui forgent les enfants d’agriculteurs.
Sara Jabbar Allen, artiste-photographe, fut sollicitée pour 72 heures d’intervention. Son attirance pour les différences socioculturelles l’avait conduite à s’intéresser à la vie quotidienne des Tsiganes, aux travailleurs venus d’ailleurs, à la prévention de l’homophobie.
Bref un beau travail d’humaniste qui allait être poursuivi au sein de la classe en 3 périodes: apprendre à regarder, apprendre à pratiquer, apprendre à communiquer.
Dès le départ, l’élève a été placé dans une position d’acteur du projet : consultation du choix du projet, rédaction du questionnaire, recherche des sujets, prise de rendez-vous, interview, prises de vues (analyse et sélection), rédaction de chaque témoignage.
Trouver les sujets qui accepteraient de témoigner fut peut-être la partie la plus délicate du projet.
Au-delà de cela, se sont dressées des barrières psychologiques très fortes réduisant 2 élèves à la négation du projet pour ne pas avoir à s’impliquer.
J’ai développé beaucoup de programmes pédagogiques avec des élèves de différents niveaux, je n’avais jamais rencontré de tels blocages: persistance de préjugés (« on va encore se moquer des agriculteurs »), implication trop forte de sa propre personne dans ses dimensions socio-affectives etc. La preuve que ce genre de dispositif est un ensemble complexe et riche d’une multitude d’apprentissages allant au-delà du pur savoir…
25 bâches (0,60×0,90) donnent à voir ce travail ainsi qu’un ouvrage publié aux éditions Sansouïre (Nîmes) qui aborde avec textes et photos des jeunes, les problématiques agricoles et rurales.

M.N Routet, enseignante d’ESC

Photographe: Sara Jabbar Allen

 

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